Les 27e rencontres de l’AMRAE battent leur plein à Deauville. Plus de 2 700 risk managers, courtiers et assureurs se sont réunis pour échanger analyses et bonnes pratiques. Cette année, l’Europe est au cœur de l’attention.

« La situation est grave, car la crise de confiance que nos sociétés traversent remet en cause les modèles politiques et économiques et leurs instances de gouvernance », lance Brigitte Bouquot, la Présidente de l’AMRAE, à l’ouverture des 27e rencontres de l’association. Elle annonce alors deux grandes familles de risques : le défi climatique et écologique d’une planète devenue limitée, et le défi de la maîtrise par l’homme de la technologie. Thomas Buberl, le directeur général d’AXA, partage cette vision : « À Davos, ces préoccupations climatiques et cyber revenaient, ainsi que celles des transformations sociales avec un monde du travail en train de se transformer. »  Enfin, la Fédération française de l’assurance confirme cela avec un sondage dévoilé pour l’occasion devant un parterre de risk managers et dassureurs. « Les risques les plus préoccupants à un an sont ceux de cyber-attaques, de tensions sociales et de crise des systèmes financiers, décrit Bernard Spitz, son président. Les risques environnementaux et réglementaires sont toujours jugés comme essentiels, mais moins urgents, avec un impact limité à court terme. »

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Pour compléter ce paysage prospectif, tous les regards sont actuellement tournés vers l’Europe. Avec un Brexit toujours incertain, des élections européennes à venir et un populisme croissant dans différents pays, la région est autant vue comme une source d’opportunités que de risques. De quoi permettre à Thomas Burberl de se faire entendre. « À Davos, les États-Unis et la Chine étaient au cœur des débats, avec le ralentissement de leur croissance. Mais ils oubliaient un risque majeur à mes yeux : l’Europe, qui doit non seulement faire face à une croissance faible, mais aussi à des menaces en termes de cohésion politique comme en Allemagne, en Italie ou avec le Brexit. » « Ce qui nous mine, c’est l’incapacité de l’Europe à gérer certains problèmes, comme les flux migratoires, enchérit Bernard Spitz. Et même si elle a besoin d’être réformée, elle est aussi la seule issue que nous avons pour exister. » 

« Il nous faut protéger l’Europe, cette construction humaniste, car construire un monde meilleur, c’est l’affaire de tous », conclut ainsi Brigitte Bouquot qui rappelle aux risk managers que leur vision transverse est essentielle à cette tâche. Mais l’entreprise a-t-elle le pouvoir d’écrire l’Histoire ? Seul l’avenir nous le dira. Surtout, les invités de l’AMRAE rappellent que la question se pose plutôt en ces termes : l’entreprise a-t-elle le devoir d’agir? « Une entreprise ne peut pas prospérer dans un monde qui s’écroule ; elle a une responsabilité vis-à-vis de son écosystème qui dépasse largement le champ financier », annonce Hélène Valade, directrice du développement durable de Suez et présidente l’Observatoire de la responsabilité sociale des entreprises. Ou comme l’a dit aussi le philosophe Raphaël Enthoven à l’occasion de cet évènement : «  Il est moins dangereux de se demander comment on arrête la course d’un train fou que de mettre la tête dans le sable. »