Au cours d’un entretien avec StrategicRISK, Brigitte Bouquot incite la communauté des risk managers à faire évoluer son approche et à se doter d’une résilience afin de contrer les risques complexes

Brigitte Bouquot, la Présidente de l’AMRAE, appelle les risk managers à adopter une approche plus novatrice afin d’aider les entreprises à surmonter les nouveaux risques complexes auxquels elles sont confrontées : géopolitique, cyber et changement climatique. 

La présidente assure que le risk management n’a plus seulement une nature défensive, axée sur l’assurance et la prévention : le risk manager contemporain doit forger la stratégie future de son entreprise.

Elle confie ainsi à StrategicRISK sa vision de l’avenir de la profession : « Le risk manager doit être bien formé et disposer d’une compréhension profonde des défis économiques du moment. Il est capable d’apporter un conseil dans ce domaine. Il faut qu’il s’impose dans un rôle stratégique plus global, avec des compétences qui vont bien au-delà des seules questions du risque et de l’assurance. »

Le risque n’est plus une responsabilité que les équipes dirigeantes peuvent déléguer ; assurer la résilience tombe dans leur domaine de responsabilité.

Brigitte Bouquot est la Vice-présidente risques et assurances du groupe aérospatial français Thales. « Le risque se rapproche des préoccupations des conseils d’administration, dit-elle. Il fait partie des enjeux stratégiques. Aussi, les risk managers doivent être des leaders : il ne s’agit pas de tout savoir, mais de comprendre les interactions afin d’identifier les risques de préparer des plans d’action. »

Le thème des conférences est « la transformation ». Les entreprises sont en effet confrontées aux progrès technologiques, à la globalisation et au changement des business models. Pour Brigitte Bouquot, les risk managers doivent agir au cœur de ces transformations.

La résilience

« Le risque n’est plus une responsabilité que les équipes dirigeantes peuvent déléguer ; assurer la résilience tombe dans leur domaine de responsabilité, poursuit-elle.

« En 2019, les risk managers vont se mesurer à des difficultés, car le monde change à toute allure. Nous devrons relever les grands défis du changement climatique et des nouvelles technologies. Il y a en outre une crise de la confiance publique envers les institutions et l’économie. »

La Présidente de l’AMRAE souligne cependant que, dans un tel contexte, les risk managers pourront aider à modeler la stratégie de leurs entreprises. « Les entreprises réfléchissent davantage à leur mode de fonctionnement et leur responsabilité sociale. Le risk management sera un moteur de leur transformation. »

Les nouveaux outils

Durant les Rencontres, l’AMRAE annoncera une série d’initiative pour venir en aide aux risk managers. L’une d’entre elles couvre la cybersécurité.

L’AMRAE a noué un partenariat avec l’ANSSI (Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information) pour produire un rapport destiné aux membres de l’association. Ce rapport aide les responsables à suivre l’évolution du cadre législatif.

Le risk manager doit s’imposer dans un rôle stratégique plus global, avec des compétences qui vont bien au-delà des seules questions du risque et de l’assurance

L’AMRAE propose également un outil pour les PME-PMI : celui-ci permet de dresser une cartographie rapide du risque en quatre heures seulement.

Brigitte Bouquot annonce que l’AMRAE continuera à aider à ses membres : « Nous sommes issus de secteurs très divers, mais nous considérons tous que le risque est un sujet majeur. L’AMRAE est en capacité de proposer des formations qui permettent aux risk managers d’être soutenus et d’avoir un réseau. »

En ce qui concerne l’année 2019, Brigitte Bouquot pense que les défis habituels seront au rendez-vous : interruption d’exploitation, attaques cyber, et risque de réputation. À cela viendront s’ajouter les incertitudes politiques et économiques liées aux perturbations rencontrées en France et au Royaume-Uni.

« L’Europe gardera-t-elle sa cohésion ? Quel sera l’impact des tensions Chine/USA ? Quelles conséquences pour l’économie mondiale ? C’est toute la question », conclut-elle.